Social Bots, espoir et dérives morales
Social Bots, espoir et dérives morales
Entre sécurité, espoir et dérives morales, les social bots intriguent
Les « social robots », par leur présence de plus en plus importante sur le web, peuvent-ils bouleverser les principes de l’internet social ? À vrai dire, ils sont déjà en train de le faire. Ce phénomène interroge. Il a lieu sans qu’on s’en rende vraiment compte mais n’en est pas moins préoccupant. Les enjeux de ce phénomène sont importants : Ils nous interrogent sur l’éthique et sur les préoccupations sociales liées aux nouvelles technologies.
Représentant aujourd’hui 10% des interactions au sein du web social, les social bots sont partout. Sur Twitter, par exemple, presque la moitié des followers de personnes célèbres sont non-humains. Mais attention à ne pas les confondre avec les robots classiques du XXe siècle; Les social bots sont des entités mécaniques très différentes. Il s’agit de dispositifs techniques invisibles mis en place pour s’infiltrer dans une série de réseaux sociaux. Oui ça peut faire peur.
L’utilisation de robots qui font de l’humour, des gags contextuels avec le but de donner l’impression que l’on parle à un vrai humain sont déjà une réalité. Des bots invisibles avec qui l’on peut avoir une discussion tout à fait sensée, nourrie au préalable par des milliers de questions-réponses en ligne. Autrement dit le big data.
Aujourd’hui, les stratégies de géants des réseaux sociaux, comme Twitter, passent par l’utilisation et la normalisation des social bots sur leur plateforme. Pourquoi ? Car cela représente une masse critique qui augmente leur valeur sur le marché, tout simplement.
Mais le phénomène a ses limites. La récente élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis illustre bien cette situation. Durant la campagne, il a été avancé qu’un tiers des tweets pro-Trump avaient été générés par des robots.
Autre exemple en Corée du Sud, en 2013 déjà: Un fonctionnaire qui voulait rester en place a fait générer plusieurs millions de messages sur Twitter pour essayer de convaincre les autres de voter Park Geun-hye. Facile.
Pas question de les sous-estimer car les bots ne servent pas uniquement des intérêts politiques. Ils peuvent aussi remplir des fonctions sociales, pallier des manques affectifs. Le programme « Create you own boyfriend » permet aux célibataires de se créer une pseudo-liaison amoureuse. L’illusion est parfaite car l’application fournit des preuves sociales tangibles comme des appels et des messages inopinés. Parfait jusqu’au moment où on te grille et là, un vent de honte te rattrape. Oui, tu t’es inventé une vie avec un robot.
Se dirige-t-on alors vers des formes de liens sociaux délégués où il sera courant d’avoir un robot comme ami virtuel, qui nous téléphone comme le ferait naturellement un vrai pote ? Les bots, de plus en plus humains, ne sont-ils pas une manière aussi, d’envisager l’immortalité ? Vus comme une promesse technique, ils inspirent la sécurité, l’espoir mais aussi la crainte de dangereuses dérives psychiques, sociales et morales. Leur utilisation est certes bénéfique sous de nombreux points, on ne s’en cache pas, mais un frein reste à se mettre quand l’éthique humaine est remise en cause.
Le réel problème arrivera quand on tombera amoureux de son bot (à voir dans « Real Humans », série suédoise) et, pire, lorsqu’on croira à la réciprocité de nos sentiments. Il en faudrait peu pour que nous arrivions à des hybridations tellement intimes qu’il serait difficile de différencier ce qui vient de la nature et ce qui est artificiel. Voilà peut-être ce qui constitue aujourd’hui la limite face à ce phénomène. Souvent, prendre du recul est nécessaire. Dans le cas des social bots, c’est primordial car il est évident que la machine a déjà les moyens de dépasser l’homme.
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